lacrimosa

10/03/2021

lacrimosaOtello & Ludmila

Ses fines mains resserraient avec douceur le tissu de velours qu'elle avait noué en un nœud épais à son cou, rentraient ensuite le coton de sa chemise impeccablement blanche dans sa jupe volatile aux couleurs cendrées. Son cœur martelait contre sa poitrine un rythme insoutenable sans raison apparente. Il n'y avait aucun bruit au sein de son pavillon et il était beaucoup trop tôt pour espérer que son frère soit déjà loin de son oreiller.

En ces heures fraîches du matin, le soleil timide faisait naître, au gré des secondes, des bruits qui témoignaient de la vie qui s'éveillait avec tendresse. Ludmila en spectatrice écoutait dans les feuillages les merles qui sortaient de leur nid et les canards qui s'invitaient près de la rivière. Les mocassins embrassaient l'herbe mouillée de la rosée et dans ce cadre presque intime, elle s'était abandonnée. Avait fermé les yeux, après une nuit où il avait été presque impossible de le faire.

Ludmila n'avait que peu l'esprit tranquille, et il n'y avait qu'ici, loin de toute l'agitation habituelle du camp, qu'elle se retrouvait un peu. Mais bien vite la réalité la rattrapa et autant en fit le temps qui ne l'attendait pas. Elle abandonna quelque part entre les feuillages et les pierres ses doutes et ses incertitudes, son vague à l'âme à la rivière.

S'apprêtait à débuter sa journée comme chacune qui l'eut précédée, fermement et avec conviction, s'armant de force et la tête haute. Elle était arrivée à son premier cours de la journée - grec ancien - et la tête ailleurs, les pensées préoccupées, le teint livide et le regard vide, avait déposé ses livres à une place au hasard, sans remarquer.

Lorsqu'elle commença le mouvement de s'asseoir, son regard se déposa sur celui à côté de qui elle s'était assise.

Bien sûr, c'était lui.
Les Moires lui en voulaient, pourquoi était-elle étonnée ?
Elle sentit un goût d'amertume lui couler dans la gorge. S'asseyant finalement lorsque le professeur commença à parler, Ludmila ne s'habilla d'aucun enthousiasme.

« Bonjour, Otello. »

Sa voix était douce, compte tenu du fait qu'elle se devait d'être discrète par respect pour leur orateur, mais elle ne s'encombra d'aucun faux-semblant pour autant.

« Pourquoi faut-il toujours que ce soit toi que je rencontre quand j'espère ne pas te croiser ? »

Toujours lorsqu'elle essayait d'esquiver toute forme de moralité.

11/03/2021

LACRIMOSAOtello & Ludmila

Habilement, ses mains resserraient le noeud de sa cravate autour de son cou.
Des mouvements emprunts de tant d'automatisme qu'on pouvait trouvait en eux une forme d'élégance et de calme.
Sa tenue était calculée, millimétrée, ne laissait place à aucune fantaisie.
Face à son miroir, dans ce pavillon à l'allure maussade, Otello se tenait droit.
La mine impassible, il ne s'habillait d'aucun sourire inutile, d'aucune joie de vivre.
Ces derniers temps, le fils d'Hadès était en proie aux doutes et aux remords.
Pouvait-il réellement protéger les campeurs du destin funeste qu'annonce l'influence des deux factions ainsi que la manigance des Dieux ?
Lui qui avait été incapable d'en préserver ce qu'il considérait vraisemblablement comme ses deux sœurs.
Un soupire s'échappe d'entre ses lèvres, témoigne bien malgré lui du poids qui pèse sur ses épaules.
Une souffrance qu'il s'imposait à lui-même.
Dans cette mélancolie, il en venait à se poser la question.
Quand est-ce que tout ceci avait commencé ?
Depuis quand la neutralité avait-elle été baptisée au même titre qu'une faction ?
Ursa.

C'est l'air ailleurs qu'il avait prit place dans l'amphithéâtre, pour le cours de grec ancien.
Ce qui le fit sortir de sa torpeur, c'était l'odeur avant le son de sa voix.
Ironique destin qu'est celui de se retrouver aux côtés de celle à qui on avait offert tant de pensées le matin même.
Comble de cette tragédie, elle ne prenait même pas la peine de dissimuler son manque d'enthousiasme à cette idée.
Enfin, il aurait été stupide d'attendre d'elle autre chose que cette honnêteté cassante.
C'était sa marque de fabrique, autant que l'orage et les sauts d'humeur était celle de son père.

« Bonjour, Ludmila. »

Dit-il, daignant quant à lui d'afficher un sourire.

« Une nouvelle farce des Moires, j'imagine. Elles ont tendance à nous offrir ce dont nous avons besoin, mais pas ce que nous désirons. »

C'était sans arrière pensée qu'il prononçait ces mots qu'il avait déjà entendu auparavant.
De bouche de son père.
Il s'enfonce un peu plus dans son siège, continue de parler à voix basse.

« Tu as peur que j'exprime mon appréhension au sujet des activités de ton clan ou bien est-ce que tu trouves simplement l'odeur de mon parfum trop forte pour un premier cours ? »

10/03/2021

lacrimosaOtello & Ludmila

Le cynisme soufflé brièvement, sifflé entre les lèvres pincées et teintées d'une amertume évidente, Ludmila était parfois trop honnête et particulièrement lorsqu'il s'agissait du seul être qu'elle considérait sincèrement comme son frère. Rhétorique, elle s'amusa de son propre désarroi.

« Ce dont on a besoin, évidemment. »

Elle avait toujours besoin de lui, et n'avait pas besoin des moires pour le savoir. Mais elle aurait préféré ignorer ce fait, car il ne s'accordait avec rien d'autre qu'elle-même. Qu'aurait dit sa mère de sa proximité avec un partisan de l'hypocrite neutralité, qu'aurait dit son Père s'il savait les démons qui hantaient son esprit ?

Une pensée vagabonde lui chuchotait qu'il ne s'était de toutes façons jamais intéressé et que cette information ne lui serait jamais parvenue car il ne l'aurait jamais cherchée, mais elle la chassa immédiatement ; il était interdit de douter de Lui.

Comme elle chassa la sensation de foyer qui s'installait dès qu'Otello était à côté.

« Je t'ai toujours dit que tu en faisais trop. »

Elle lui adressa un regard du coin de l'œil, et la moitié d'un sourire qu'elle essayait vainement de réprimer, avant de déposer à nouveau ses yeux sur le professeur, bien que son attention était ailleurs.

« Je n'ai pas beaucoup dormi. »

Et lorsque Ludmila ne dormait pas c'est qu'elle était trop préoccupée pour trouver le sommeil ; et si Ludmila était préoccupée c'était que ses doutes la rongeaient trop fort ; et lorsqu'elle n'avait pas trouvé suffisamment de repos, elle n'avait plus la force de tenir les convictions absurdes qui n'étaient pas les siennes.

Ludmila n'avait qu'une seule conviction.
Elle les aimait. D'un amour fidèle et asservi, elle aimait ceux qui l'avaient recueillie.
Elle aimait d'un amour pur celle qu'elle avait choisi pour Mère quand bien-même sa génitrice avait failli. Se disait parfois que si ça avait été elle depuis le début, elles seraient deux filles de Zeus et pas qu'une.

« Épargne-moi le discours moralisateur, cette fois. »

Ludmila n'était, pourtant, pas sans savoir qu'il ne lui avait jamais fait la morale de la sorte. Mais elle recevait le discours de Otello comme des reproches là où il n'était que bienveillance. Cela faisait partie d'elle ; il fallait qu'elle soit parfaite, qu'elle corresponde à ce qu'on attendait d'elle. Attendait-il quoique ce soit ?

« Comment vas-tu, ce matin ? »

Tenta d'esquiver ses propres pensées obsédantes.

11/03/2021

LACRIMOSAOtello & Ludmila

Contrairement à Dorothy, Ludmila était finalement bien plus difficile à aborder.
Peut-être parce que, contrairement à la fille de Poséidon, l’engeance de Zeus se voulait bien plus stable et gonflée d’égo.
Il aurait été malvenu de sa part d’oser reprocher cette attitude à la jeune femme, il était lui-même du genre à se gargariser de la grandeur de son ascendance.
Mais dans le cas de Ludmila, l’obsession était suffisamment destructrice pour le pousser à aborder le sujet à l’occasion.
Néanmoins, devant sa demande, il lui concède un temps de paix.
Ne l’assommerait d’aucune question.
A sa question, il hausse les épaules.
Ce matin n’était pas différent des autres, quand bien même la présence de celle qu’il considérait comme sa sœur suffisait à l’apaiser un peu plus.
Après tout, lorsqu’elle était avec lui, elle n’était pas avec les membres de son clan.
La savoir en sécurité était donc un élément non négligeable à sa tranquillité d’esprit.

Il répond, sobrement.

« Commencer la journée par du grec ancien est terriblement assommant. Mis à part cela, cette matinée est charmante. »

Lui adresse un doux sourire.
Reprend, rieur.

« J’imagine que tu aurais préféré commencer par des duels dans l’arène, j’ai entendu dire que tu étais en recherche constante de compétition. Ta position et ton ascendance n’est peut-être pas à négliger dans cette pénurie d’adversaires, cela dit. »

Lève les yeux au ciel, l’air désabusé.

« Que le grand Hadès m’en soit témoin, j’ai rarement vu des sœurs aussi perturbatrices. Tu sais qu’un jour tu trouveras plus fort que toi, n’est-ce pas ? »

C’était improbable.
Mais pas impossible.
Il se questionne, toutefois.
Qu’adviendrait de Ludmila si elle venait un jour à perdre la face contre un autre campeur ?

10/03/2021

lacrimosaOtello & Ludmila

« J'en ai besoin. »

A demi-mots parlés, le regard glissant sur ses livres comme s'ils l'intéressaient, elle avait soigneusement évité le regard de Otello comme si ses mots faisaient partie d'une confession lourde à porter à son attention.

« Perdre un combat ne me fait pas peur. »

Elle haussa les épaules comme si le mouvement pouvait balayer le poids de ses propos et de toute la réalité qui les entourait. Elle sembla hésiter à poursuivre et marqua un temps de silence, avant de souffler dans ce qui s'apparentait davantage à un ricanement qu'à un rire.

« La vraie défaite réside dans le fait de s'avouer vaincue. Et tu sais que je me relève toujours. »

Elle tapotait de ses doigts sur les pages de son bouquin dont les lettres semblaient s'être mélangées entre elles.

« Et puis il y a déjà des gens plus forts que moi. »

Ludmila n'avait pas la prétention d'être la meilleure ; même pas l'ambition d'ailleurs.

« Si tu t'y mettais plus sérieusement, on pourrait disputer de beaux combats, d'ailleurs, hm ? »

Fit glisser son regard jusqu'à lui comme s'il s'agissait d'une proposition.

11/03/2021

LACRIMOSAOtello & Ludmila

Ludmila avait un tempérament de véritable guerrière, elle toujours prête à prendre les armes pour ses convictions.
Que son dévouement soit dû ou non à une forme de propagande venant de son clan avait finalement peu d’importance, cela lui avait offert une force de caractère que Otello respectait volontiers.
Le fils d’Hadès était du genre pacifiste, même s’il n’avait pas peur de se battre pour autant.
Toutefois un affrontement avec la fille de Zeus lui semblait parfaitement impensable et inutile.
Premièrement parce qu’il n’était lui-même pas habité du même esprit guerrier et aussi parce que, comme l’avait si bien souligné Ludmila, il n’était pas dans ses habitudes d’admettre une défaite.
Et il ne désirait pas faire intervenir un conflit d'orgueil entre lui et sa sœur.
Hausse les épaules face à son invitation, un sourire gêné s’affiche sur son visage alors qu’il gratte l’arrière de sa tête, nerveux.

« Désolé, cette idée ne m’intéresse pas plus que ça. Je pense qu’il n’est pas nécessaire que je m’illustre dans un affrontement quelconque pour atteindre mes objectifs. Mais la confiance que tu portes en mes capacités me touche sincèrement. »

Il est vrai que même lors des batailles de drapeaux ou bien pendant l’Agon, Otello avait tendance à se concentrer plus sur la défense que sur l’attaque.
Si bien que son potentiel offensif avait été bien peu exploré.
N’en était pas moins présent.
Il s’enfonce un peu plus sur le banc.
Lui offre un regard interrogateur.

« Je suis curieux de savoir qui tu peux bien estimer comme étant plus fort que toi. Même la plupart des chefs de pavillon ne semblent pas te poser de véritable problème, lors des entraînements. »

Marque un court instant de pause avant de lui adresser un sourire moqueur.

« J’en fait partie ? »

10/03/2021

lacrimosaOtello & Ludmila

Ludmila ne réfléchissait pas en terme de puissance, mais de menace. Si elle devait se retrouver face à un adversaire, lequel la mettrait à terre ? Mettrait un terme définitif à sa volonté de fer ?

« Ma réponse risque de te décevoir. »

Elle lui adressa un vague sourire avant de reposer son regard sur le professeur ; malgré que, bien entendu, son attention était toujours dédiée à Otello.

« Je ne crois pas que tu me vainques. »

Son visage était devenu sérieux tout à coup. Ludmila avait étudié chaque potentiel adversaire sur le camp, chaque demi-dieu qui pourrait lui porter préjudice. Chaque obstacle qu'elle pourrait avoir à détruire pour les desseins des Phosaeon, pour Héraclès et la gloire du Père si une guerre devait éclater. Otello était certainement un rempart considérable. Mais il ne la tuerait jamais si il devait avoir à le faire pour l'arrêter. Et il fallait au moins ça pour que Ludmila cesse de répondre à sa loyauté.

« Dorothy. »

La démesure de sa colère pouvait très bien l'amener à la terrasser. Elle le savait. N'en avait pas peur pour autant, mais elle n'avait encore trouvé aucun moyen de la contrôler.

« Et vaincre un adversaire lors d'un entraînement est différent de terrasser un ennemi lors d'une guerre. »

Elle l'avait lu dans des livres plus qu'elle ne l'avait expérimenté.

« Il ne s'agit pas de savoir qui est le plus fort, mais qui a les convictions les plus tenaces. »

Ludmila ne devait sa combativité qu'à son acharnement et à ses valeurs, quand bien même elles étaient empruntées à une autre.

« Et à ce sujet, je ne connais personne de plus têtu que nous. »

Dorothy, Otello et Ludmila.
Les enfants de la guerre à venir.

11/03/2021

LACRIMOSAOtello & Ludmila

Une supposition qui sonne comme une affirmation, selon Ludmila il serait incapable de la vaincre.
C’est peut-être vrai, Otello ne se sentait pas vraiment capable d’incapaciter Ludmila au point de lui faire renoncer à un combat.
Et la fille de Zeus n’était pas de ceux qui s’arrêtaient s’il demeurait un souffle de vie.
Une situation complexe à laquelle il souhaitait ne jamais être confronté, tant ce choix le déchirait.
Qu’elle ne devienne jamais l’ennemi d’Hadès. - pensait-il.
Elle prononce finalement un prénom qui résonne tristement dans son esprit : Dorothy.
Effectivement, la jeune fille était suffisamment instable pour commettre l’irréparable, quand bien même une situation aussi extrême paraissait peu probable.
Laisse s’échapper un soupir de désarroi, il se résigne à acquiescer.

« Effectivement, Dorothy pourrait aller aussi loin sans le vouloir. »

Le cœur lourd, il pose lui aussi son regard sur le professeur qui donnait actuellement cours.
Néanmoins, sur le domaine des convictions, il pensait être lui aussi un adversaire redoutable.
Car son admiration pour le Dieu des morts était suffisante pour le pousser à faire la guerre en solitaire contre n’importe quelle armée.
Prendrait les armes pour lui, songe-t-il.

« J’ose encore espérer que l’éventualité d’un affrontement entre toi et Dorothy s’éloignera lorsque vous serez capables de vous comprendre mutuellement. Vous ne manquez pas d’amour, mais vous ne manquez pas d'ego non plus. »

Son poing se crispe, alors qu’il s’apprête à continuer.

« Si vous veniez à aller trop loin, sois en sûre, je saurais vous arrêter moi-même. »

Bien entendu, il chasse cette pensée négative de son esprit aussi vite qu’il venait de prononcer cette phrase.

10/03/2021

lacrimosaOtello & Ludmila

Les détails n'échappaient pas aux dévorations de son regard. Parmi eux, le poing crispé et les quelques amertumes - ou était-ce de la tristesse - qui se battaient sur son visage ; Ludmila n'avait aucune pitié à accorder à quiconque menaçait d'arrêter ses desseins - ou ceux qu'elle avait juré de servir.

Alors plus aucun sourire n'habilla ses lèvres et aucune tendresse n'habita ses yeux. Elle était devenue mauvaise.

« M'arrêter, Otello ? Crois-tu que je pourrais aller aussi loin sans le vouloir, moi aussi ? »

Sa tête se tourna dans un mouvement rigide, comme un automate, et il n'y eut aucun glacier pour rivaliser avec sa froideur.

Ludmila ne laissait aucune place au hasard - tout était toujours sous contrôle. Alors si elle devait aller aussi loin, c'aurait été par nécessité, ou par choix.

« Ne te permets pas de m'entraver. »

Ludmila ne se serait jamais battue pour de vaines raisons. Chaque confrontation qui l'eut menée à Dorothy était mesurée, et elle avait toujours pris soin d'éviter au mieux les carnages. Qu'Otello se permette de la mettre dans le même panier qu'elle supposait qu'il la trouvait tout aussi dangereuse ; il avançait l'éventuelle nécessité de l'arrêter, elle aussi.

Mais s'il fallait arrêter Ludmila, ce n'était pas parce qu'elle était instable ou incontrôlable. S'il fallait l'arrêter, c'était par désaccord avec ce pour quoi elle avait engagé un combat. Alors l'éventualité qu'il prononçait à l'instant était celle de se dresser contre ses convictions, et rien d'autre.

« Et arrête de me traiter comme ton fardeau. Je n'ai pas besoin de ta protection. Elle est offensante. »

11/03/2021

LACRIMOSAOtello & Ludmila

Son intonation change, elle devient soudainement plus froide et cassante.
Rien de très étonnant venant de Ludmila, il s’était tout simplement aventuré sur un terrain où elle n’autorisait aucune forme de résistance.
L’entraver, la protéger, tant de choses qui pouvaient donner à Ludmila l’impression d’être considérée comme “faible”.
Du moins, c’est comme cela que Otello avait interprété ce genre de réaction jusqu’à présent.
Bien sûr que la fille de Zeus était impressionnante, lorsqu’elle adoptait ce genre d’attitude.
Une partie de Otello aurait voulu mettre fin à cette discussion, ne pas risquer de s’enfoncer plus profondément dans le conflit à naître entre eux.
Mais il s’estimait encore en suffisamment bon terme avec elle pour exprimer le fond de sa pensée.
Son regard se braque sur elle.

« C’est bien ça mon propos, Ludmila. Au fond de moi, j’espère que ce n’est pas ce que tu veux. »

N’accordait cette fois-ci plus aucun regard au professeur en pleine leçon, l’entièreté de son attention était portée sur sa comparse.
Sa voix était elle aussi dépourvue de toute tendresse.

« Tu peux m’accuser à nouveau d’être l’auteur d’un discours moralisateur, mais tes propos m’attristent. Tu as l’air de confondre la compassion avec la pitié et prendre mon opinion pour une attaque. Garde ce genre de choses pour les membres de ton clan, je te connais suffisamment pour savoir que tu n’as rien d’un petit tyran qui considère ceux qui ne sont pas avec elle comme des ennemis. »

Croise les bras, lève les yeux au ciel.

« Tu es talentueuse et intelligente, personne n’oserait le nier. Mais tu essayes de plaire aux mauvaises personnes, Ludmila. Tu n’es pas un fardeau, j’ai simplement peur pour toi. »

Baisse la tête, le regard dans le vide.

« Peur que tu t’éloignes trop pour que l’on puisse un jour te rattraper, Dorothy et moi. »

10/03/2021

lacrimosaOtello & Ludmila

Le regard vidé, sombre. Isolée dans son propre système de pensées, ses obsessions sordides, Ludmila resta muette pendant plusieurs longues secondes.

Au fond de moi, j’espère que ce n’est pas ce que tu veux.
Et Ludmila douta.

C'était inavouable et, en même temps, ça lui brûlait les lèvres. Trop de mots interdits, pour lui ou pour le clan, trop de pensées dont elle devait avoir honte, trop d'images qu'elle se devait de rejeter.

Et si c'est ce que je veux, Otello ?
Que ferais-tu, si je te disais aujourd'hui, que j'ai besoin que ça explose ? Que ça aille si loin qu'il n'y ai plus de retour en arrière possible.
Je ne peux pas vivre éternellement à tanguer entre les deux.
Et si c'est ce que je veux, que ça aille si loin que je n'aie plus cette torture de devoir choisir ? Entre le cœur et la loyauté, entre le devoir et les sentiments ; et si je voulais faire mon deuil plutôt que de le craindre éternellement ?

« Tu ignores beaucoup de choses, Otello. »

De quoi elle était capable, jusqu'où elle pourrait aller.
Il avait raison de vouloir l'arrêter. Mais ça n'empêchait pas qu'il s'agissait d'une trahison aux yeux de Ludmila.

« Je ne suis plus la petite fille qui est arrivée perdue et avait besoin de combler un manque. »

Aujourd'hui encore, elle me manque.
Aujourd'hui encore, je suis perdue.

« Si tu penses que c'est par soucis de plaire que je me bats, tu te trompes. »

Les idées martelées trop profondément pour être extirpées de son esprit matrixé.

« Tu as choisi ton camp et moi le mien. Si tu n'aimes pas le terme "ennemi" appelle-nous comme tu veux. Mais lorsqu'il s'agira de prendre les armes tu seras d'un côté et moi de l'autre. Ne me fais pas passer pour celle qui se trompe de camp alors qu'on ne fait que se défendre. »

Confondait sa propre identité à celle de son père ; comme si c'était elle qui était attaquée plutôt que Zeus. Comme si c'était elle qu'on voulait destituer.

« Je n'ai pas demandé à ce que ces conflits naissent, moi non plus. Mais j'ai fait un choix. Celui de ne pas trahir les miens. »

11/03/2021

LACRIMOSAOtello & Ludmila

L’influence du clan Phosaeon était néfaste, c’était un fait indéniable dans l’esprit d’Otello.
Ludmila lui semblait corrompue par des idées qui ne lui appartenaient pas, comme s’il avait le monopole de ce qui était juste, de ce pour quoi l’on devait se battre.
La bienveillance du fils d’Hadès envers ses sœurs pouvait rapidement devenir une forme d’orgueil, de jugement froid et sans équivoque.
Qui parmi eux pouvait prétendre être parfait ?
Mais s’il exprimait avec tant d’insistance le fait que les convictions de Ludmila n’étaient pas réellement les siennes, n’était-ce pas aussi par peur qu’il se trompe ?
Qu’au final, il connaisse moins bien la fille de Zeus que ce qu’il voulait croire.
Car elle avait raison sur un point, Ludmilla.
Otello ignore beaucoup de choses.
Et la peur de perdre ce qu’il pouvait chérir le rendait mesquin, suffisamment pour qu’il ne daigne accorder aucun crédit à ses paroles.
Juge et bourreau, il invalidait ses propos dans son esprit avant même qu’elle puisse le formuler.
Il était fier, Otello.
Un peu trop.

« Un jour, tu te rendras compte que j’ai raison. J’espère que d’ici là, tu seras encore capable de revenir en arrière. »

Amer, il abandonne les suppliques.
Attaque sans le vouloir.
Peut-être un peu.

« Si seulement tu pouvais réaliser combien l’influence de ton père est nocive, mais tu préfères prendre les armes pour un parent qui ne daigne pas t’offrir l’amour que tu mérites. »

Et à travers sa bouche, c’est Hadès qui s’exprimait.
Des histoires qu’il avait entendues sur Zeus, son oncle.
Pour qui le mépris se mêlait parfois à la colère.

« Tu avais le potentiel pour être la meilleure d’entre nous mais tu as décidé à la place de devenir le soldat d’un Dieu colérique et vaniteux. Tu vas jusqu’à affronter ta propre famille. »

Car c’est ce que l’on est pour toi Ludmila, n’est-ce pas ?
Ta famille.

10/03/2021

lacrimosaOtello & Ludmila

Sous l'astre d'une colère froide, devenue électrique, Ludmila écoutait en silence, les muscles serrés, le venin d'un autre qui essayait de la corrompre. Il ne s'agissait que de ça ; toujours ; manipulez donc l'esprit de Ludmila - ne vous souciez surtout pas de ce qu'elle peut bien vouloir ou ressentir - utilisez-la.

« L'amour que je mérite ? Tu veux dire celui que tu me donnes en ce moment ? »

La voix ne se permit aucun cynisme, aucune moquerie ; Ludmila était sérieuse, et n'avait plus la moindre envie de rire.

« Dis-moi, Otello, quelle différence fais-tu entre toi et mon clan ? Qu'est-ce qui fait de toi le bon et eux les mauvais, puisque tu sembles te placer en unique détenteur de la bonne pensée et que tu veux m'en convaincre en ne te souciant pas de ma volonté ? N'est-ce pas ce que tu leur reproches de me faire subir ? Du chantage affectif pour mieux me convaincre de leur idéologie qui - tiens donc - ne m'appartient pas ? »

Alizée avait raison et Otello le confirmait.
Il la rendrait mauvaise si elle continuait à le côtoyer.

« Quel est celui qui m'incite à affronter ma famille, d'après toi ? »

Le ciel s'était rapidement couvert de nuages noirs, et le professeur arrêta son cours quelques secondes, visiblement intrigué par la météo. Son regard, immédiatement, se dirigea vers Ludmila qui n'était plus concentrée que sur son frère.

« Ne te permets plus jamais de salir le nom de mon Père, compris ? »

11/03/2021

LACRIMOSAOtello & Ludmila

Il ferme les yeux, dégoûté par l’idée d’avoir échoué.
Échoué à raisonner l’un de ses proches.
Pire encore, il lui donnait encore plus de raisons de se plonger dans la philosophie de son clan, de s’éloigner d’eux.
Se résigne au fait que ses mots n'atteindront pas Ludmila.
Pas aujourd’hui, pas demain non plus.
Sûrement parce qu’ils avaient été prononcés de la mauvaise manière, sûrement parce que Otello n’avait pas autant de contrôle sur ses émotions que ce qu’il se plaisait à croire.
Elle le frappait avec la vérité, la manière dont il s’était inconsciemment placé sur un piédestal par rapport au reste des Phosaeon.
Pire encore, par rapport au reste des Héraclès.
Sa haine envers Zeus était tenace et peut-être que l’unique chose qui l’empêchait encore de rejoindre Argus était la peur de décevoir son père.
Et d’affronter celle qui pliait la météo par la force de ses émotions.
Il reste immobile, pousse un soupir.
Ne pouvait qu’acquiescer.

« Tu as raison, il est malvenu de ma part d’oser juger les raisons pour lesquelles tu as décidé de prendre les armes pour défendre le nom de ton père et sa maison. De la même manière, me dresser en parangon de la vertu est plutôt hypocrite. La vérité, c’est que tu devrais faire comme bon te semble. »

Dépose ses deux mains sur la surface plate en face de lui.
Affiche un sourire, faux.
Tente de rassurer le professeur qui avait déposé son regard sur eux.
S’il tentait de poursuivre la conversation sur ce terrain, il ne ferait que provoquer une rupture définitive entre lui et Ludmila.
Il décide donc d’abandonner l’idée.

« Je te prie de bien vouloir m’excuser, tu es la plus à même de savoir derrière quelle idéologie tu devrais te ranger. »

Hausse les épaules, tente de détendre l’atmosphère.
Pointe du doigt le ciel orageux.

« En revanche la pluie, même pour moi, c’est un peu trop dramatique. »

10/03/2021

lacrimosaOtello & Ludmila

Les viscères de sa cage thoracique se serrèrent dans une sensation des plus désagréables. Une amertume coula le long de sa gorge et plus aucun son ne se dégagea de ses lèvres, fermées en une commissure pincée. Le regard froncé échouait lamentablement à déchiffrer les typographies de son livre.

Elle eut le sentiment, quelque part au fond d'elle-même, de l'avoir perdu. Il s'était refermé à l'intérieur de lui-même et elle n'échangeait plus avec Otello ; à peine une façade de lui-même qu'il avait choisi de mettre en avant en supposant qu'être Otello mettait en péril leur relation.

Elle fit le constat tragique que ni lui ni elle n'étaient autorisés à être sincères s'ils voulaient être amis.
Elle ne voulait, de ce fait, pas l'être.

A sa remarque, elle leva les yeux au ciel et en dissipa les nuages, dans une moue qui signifiait sa gêne d'avoir été excessive.

« Ca non plus, ce n'est pas vrai. »

C'était parce qu'il avait abandonné l'idée de la convaincre qu'elle devenait plus honnête avec lui. Elle n'avait plus à se battre contre un ennemi, mais seulement à témoigner de qui elle était.

« La vérité c'est que je ne sais pas quoi penser, quoi croire, quel chemin suivre... »

Sa voix était devenue plus douce et surtout plus secrète. Il était impensable que qui que ce soit l'entende prononcer ces mots-là.

« J'ai l'impression que tout le monde autour de moi brandit l'Amour comme un prétexte pour invoquer mon devoir et mieux m'utiliser. Je suis fatiguée. »

Les confessions offertes en guise de drapeau blanc.
En guise de ;
Ne soyons pas des inconnus l'un pour l'autre
Car ça la blesserait de trop.

« C'est ça le plus dur. Parfois, j'ai le sentiment que la seule personne qui m'aime vraiment... »

Était la seule qui n'invoquait pas ces mots-là pour son idéologie.

« Laisse tomber. »

C'était Dorothy.

11/03/2021

LACRIMOSAOtello & Ludmila

Les nuages se dissipent et avec eux, le tempérament combatif de Ludmila.
Elle semblait soudainement plus encline à échanger avec lui, témoigne encore une fois que la personne qui s’était montrée maladroite jusqu’ici était bel et bien Otello.
Il écoute en silence, ne dévie pas son regard du professeur pour ne pas attirer de nouveau l’attention sur eux.
Plus que jamais, Ludmila donnait l’impression d’être perdue, déchirée entre le devoir de famille et le cœur.
Dans ce mélange, le cerveau faisait un bien mauvais arbitre.
C’est avec une pointe de mélancolie qu’il détourne finalement son regard sur elle, conscient qu’il n’était finalement capable de lui apporter du soutien qu’à travers ce genre de geste.
C’était peut-être ça, la fissure dans son armure.
La fatigue.
Fatiguée d’être la fille du grand Zeus, fatiguée de devoir correspondre à autre chose qu’elle-même.
Ce qui faisait la bénédiction de Otello, son ascendance, avait l’air de faire le malheur de Ludmila.
Son talent était sûrement sa plus douce malédiction.
Parce qu’elle ne pouvait être rien d’autre que la solide, la grande, la puissante.
Ludmila.

« Je suis parfaitement incapable de te conseiller sur le chemin à suivre, malheureusement celui que j’emprunte me parait aussi flou que le tien. »

Se gratte l’arrière de la tête, regarde en direction du ciel, cherche ses mots.
Il reprend, un peu embarrassé de ne pouvoir offrir de réponse plus concrète.

« J’imagine que c’est ça notre problème, à tous les deux. On a tendance à trop utiliser notre tête. »

Frappe de son poing dans le creux de sa main, comme s’il venait de faire une découverte.

« Peut-être que nous devrions faire un peu plus confiance à notre instinct, parfois. Peut-être que le secret du bonheur, finalement, c’est de hurler et se disputer avec la mer ? »

Parce qu’il ne pouvait trouver de personne plus instinctive que celle qui s’illustrait une à deux fois par mois dans une explosion de sentiments.
Lui adresse un sourire confiant.

« Ou alors tu peux continuer à taper des gens dans l’arène, ça fonctionne aussi. »

10/03/2021

lacrimosaOtello & Ludmila

Peut-être que le secret du bonheur, finalement, c’est de hurler et se disputer avec la mer ?

Un rire sincère s'échappa soudainement de ses lèvres, en un souffle à peine, qu'elle tenta d'étouffer pour éviter de se faire remarquer davantage. Elle passa sa main devant son visage avant d'adresser un regard tendre à son frère.

« C'est si bête. »

Elle eut l'air pensive, leva les yeux vers le ciel désormais dégagé. En croisant les bras sur sa poitrine, elle songea qu'il n'y avait aucun bonheur qui attendait les Lekaménos à la fin de l'histoire.

Mais sans doute avait-on oublié de lui dire que la règle était la même pour les Phosaeon.

« Sommes-nous en guerre ? »

Son regard avait repris des allures sérieuses.

« Qui peut se targuer d'être heureux en ces temps agités ? »

11/03/2021

LACRIMOSAOtello & Ludmila

Le ton de la conversation avait complètement changé, suffisamment pour que l’on doute même de la tension qui avait existé il y a de cela encore quelques minutes.
Elle riait et il accompagnait son rire, lui aussi.
Il est vrai que l’image de Dorothy s’égosillant contre la mer avait quelque chose de comique, connaissant toute la puissance du personnage et le malheur qui la rongeait.
Pose ensuite une question qui paraissait comme une évidence.
Sommes-nous en guerre ?
Oui.
Mais il aimerait formuler cette conviction avec plus d’élégance, tente d’enrober l’horreur avec l’incertitude.
Tente de faire de son mieux.
Stupide.

« J’aimerais croire que ce que nous assimilons à la guerre n’est en fait que des temps troublés et que les Dieux sauront faire preuve de sagesse dans la résolution de ce conflit. »

Dépose une main sur son épaule.
Sincère dans la voix et le regard.
Qui peut se targuer d’être heureux en ces temps agités ?

« Personne, j’en ai bien peur. Mais essayer, ça ne coûte rien. »

Laisse tomber sa tête en arrière, ferme les yeux sous l’influence du soleil.

« C’est terrifiant de se rendre compte combien nous sommes insignifiants face à la grandeur divine. »

10/03/2021

lacrimosaOtello & Ludmila

Un rire léger mais sardonique traversa ses lèvres.
On n'avait jamais connu les Dieux pour être sages.

« S'ils étaient connus pour leur sagesse on ne serait pas là, toi et moi. »

Elle redressa son dos rigide sur son siège ; la moindre relâche était interdite, quand bien-même l'atmosphère s'était détendue.

« Tu me connais. Je n'ai pas peur de la guerre. »

Ludmila ne craignait pas grand chose ; elle préférait que les désastres arrivent plutôt qu'ils menacent éternellement. Elle préférait trouver des solutions que de rester dans une hypothétique attente ; une anxiété latente qui lui faisait prévoir chaque scénario éventuel.

Non, elle n'avait pas peur que la guerre éclate.
Elle avait peur qu'elle n'arrive jamais.

« Et je n'ai pas peur de devoir vous affronter. »

Elle releva la tête vers lui.
Un sourire, bien maigre, s'invita comme un spectre sur ses lèvres.

« Mais j'ai confiance en toi. Fais en sorte que ça n'arrive pas, d'accord ? »

Si elle devait tuer des demi-dieux au nom de son Père, elle préférait ne pas avoir à affronter Otello ou Dorothy.
N'importe qui d'autre - abattrait un Dieu si elle pouvait éviter de les abattre eux.

11/03/2021

LACRIMOSAOtello & Ludmila

A nouveau, il accompagne le rire de Ludmila par le sien.
En effet, ils étaient tous deux l’incarnation de l’instabilité des Dieux, leur incapacité à se plier aux règles qu’ils fixent.
Même s’il soupçonnait Hadès et Poséidon d’avoir agi plus par orgueil envers Zeus que par incapacité à se contrôler.
Nouvelle parole, nouvelle vérité : Ludmila n’avait pas peur d’un affrontement entre les deux factions, bien au connaître, elle semblait vivre dans l’attente de cet instant.
Comme si elle voulait arracher l’épine de son pied le plus rapidement possible.
Sa dernière phrase sonne comme une requête.
Il hoche la tête, acquiesce.

« Je ferais en sorte que cela ne se produise pas. Mais je ne peux rien promettre au sujet de Dorothy. De la même manière que je ne me mettrais pas directement sur ta route, je ne me mettrais pas sur la sienne. »

Encore et toujours sa neutralité.
Frappe du poing sur ses épaules, son corps commençait déjà à montrer des signes de fatigue après une discussion qu’il avait jugé intense.

« Étrangement, ça fait du bien d’évoquer ce conflit avec toi. »

Il referme son livre, le cours touchait bientôt à sa fin.
Agite sa main une dernière fois dans sa direction, le sourire aux lèvres.

« Bon courage dans ta recherche d’adversaires. Je saurais que tu en a trouvé un aux orages dans le ciel, j’imagine. »

Après tout, qui voulait véritablement se frotter à Ludmila ?
Elle qui était capable de faire tomber la foudre sur le premier malheureux qui aurait l’audace de pointer un glaive dans sa direction.

» organe doll ; Otello
» didascalie | Natanaël + Ludmila
» (a disturbance in the force) • ft. Otello
» I v pene nashikh stradaniy ||Otello + Dorothy
» J'ai vu des morts, Mais j'ai saisi, Le merveilleux - Ft. Otello

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