Les cheveux relevés dans un chignon ridiculement réalisé, Zelda semblait plongé dans les rapports des récents traqueurs. Des potentiels demi-dieux, ici et là, éparpillé au gré du vent, potentiellement en danger … Des suspicions, des confirmations, des craintes, de l’espoir … Voilà ce que portait chaque rapport, chaque informations primordiales pour s’assurer de la survie du plus grand nombre des enfants de ces dieux cédant à leurs pulsions. Et Zelda avait décidé d’accepter cette responsabilité : de supervisé, de prévoir, voire parfois de deviner … La métisse se passa la main sur son visage en se laissant aller contre le dossier de sa chaise. Le temps était compté dès l’instant où un demi-dieu commençait à devenir trop vieux. Si un seul d’entre eux étaient passé sous le radar et qu’un monstre lui avait mis le grapin dessus … Nope. Nope nope. La fille d’Hermès ne voulait pas y penser. Se relevant, elle déposa les documents dans une bannette : elle irait réclamer un entretien avec Asclépios plus tard pour parler de nouvelles possibilités.

Peut-être qu’il serait intéressant de voir si les enfants d’Hephaïstos pouvaient créer un instrument de repérage ? Mêlé à la magie des Hécate, cela pourrait peut-être être envisageable ?

Se frottant le menton avant de tourner son regard vers son tableau de liège avec divers post-it et idées pour améliorer potentiellement – peut-être, elle espérait – la moyenne de vie d’un demi-dieu. Non parce que vraiment, avoir une moyenne d’âge inférieure à celle des premiers colons, ça faisait vraiment mal à son orgueil personnel[.

Prenant sa tasse « I love Aesclepios » - une plaisanterie entre membre du staff visiblement – Zelda avala une gorgée d’un merveilleux café noir avant d’entendre toquer. Relevant la tête et déliant ses cheveux pour paraitre un minimum présentable, la fille d’Hermès retourna à son bureau.

« Entrez ? »

Mais elle ne s’attendait pas à voir en face d’elle le fils d’Hadès.

@Otello Di Costanzo

( Pando )

Quand Zelda vit le fils d’Hadès pénétrer son bureau, elle retint difficilement sa surprise : Otello était un garçon sans histoire. Vraiment si la totalité du camp pouvait être du même calibre que lui, les réunions d’administrations seraient bien moins longues et elle n’aurait pas besoin de menacer par moulte sanctions les plus intrépides. Le garçon souriait, mais la fille de la tromperie savait qu’un sourire pouvait cacher bien plus qu’on ne le voulait réellement, tel un désarroi profond, une peur, une inquiétude … N’était-elle donc pas elle-même une grande actrice ? La sous-directrice se leva en lui offrant un sourire qui se voulait rassurant et aimable.

« Voyons Otello, tu dois savoir que je n’ai aucun problème avec la visite impromptue de mes campeurs. Je suis là avant tout pour vous, mon temps est le vôtre. »

Et on ne pouvait être plus proche de la vérité … Zelda préférait de loin parler aux multiples demi-dieux que composaient ce camp plutôt que de penser budget et organisation. Zelda nota mentalement qu’elle devait convoquer Sayori pour une demande d’achat d’oreiller plus que conséquent. Mais cela serait pour un autre moment. Pour l’heure, Zelda fixait le fils d’Hadès ; Otello n’étais pas du genre à s’inviter sans bonne raison et l’ainée ne doutait pas du sérieux de la requête de son cadet. Et évidemment, cette inquiétude se portait sur le problème numéro un au sein du camp actuellement. Les rivalités entre les Argus et les Héraclès. Héra contre Zeus, encore et toujours. Zelda se réinstalla avant de se masser les tempes un instant, retenant un profond soupir. Ces deux factions existaient depuis bien avant son arrivée au camp et avait pris des proportions incroyables au fil des années.

Elle avait vu des groupes se déchirer pour des dieux qui ne leur accordaient même pas un regard.

Elle acquiesça en désignant la chaise.

« Bien sûr, Otello, s’il te plait, installe-toi. Tu désires boire quelque chose ? » Zelda était persuadée que la discussion allait très certainement être longue. « Est-ce encore à cause de ce cher Celyan ? Ou bien les enfants d’Aphrodite ? »

Pour l’instant, cela restait presque inoffensif … Zelda touchait du bois, mais jamais ô grand jamais elle n’avait encore vu de conflit véritablement armé qui aurait pu être synonyme d’une guerre. Parfois, des joutes verbales où les poings pouvaient s’inviter, une animosité qui pouvait se généraliser … Mais c’était tout pour l’heure et elle avait prié pour que cela reste ainsi.

Visiblement, les dieux avaient décidé d’être décevant du début à la fin.

« Tu as réussi à obtenir des informations particulières ? »


@Otello Di Costanzo

( Pando )

Pas d’informations … Pas encore d’éclats. Peut-être que cela n’était pas l’attitude à adopter, mais cela rassura quelque peu la sous directrice. Il y avait encore un peu de répit avant l’inévitable – car elle le savait, tout le monde le savait, ce n’était qu’une question de temps avant que les factions ne s’embrasent. Buvant une gorgée du nectar sombre, observant le garçon s’exprimer. Non. Il exprimait ses craintes. Ses émotions. C’était bien plus puissant encore … Et pour que même un campeur remarque l’équilibre si fragile de ce camp. Zelda lâcha un soupir avant de se passer une main dans les cheveux.

« Il s’agit là d’un débat autre, Otello … Je ne peux pas me permettre d’abandonner des enfants aux griffes de ce monde sous prétexte que notre monde tient sur un fil. » expliqua-t-elle calmement, avec douceur. « Ces enfants, qu’importe les rangs qu’ils rejoignent, ont le droit d’avoir une chance de survivre … Mais cela ne signifie aucunement que nous sommes aveugles à ce qu’il se trame dans ce camp. »

Sa voix n’était presque plus qu’un souffle. Zelda joignit ses mains, entrelaçant ses doigts en regardant du coin de l’œil son tableau de liège avant de retourner son attention sur le fils d’Hadès. L’un des facteurs qui avaient fait imploser le fragile équilibre de l’entente divine. Pauvre enfant.

« Les Argus et les Héraclès ont toujours été sous surveillance … Malheureusement, il nous ait horriblement compliqué de les contraindre à quoique ce soit. Nous tentons de discuter, d’apaiser les tensions, mais tu dois le savoir mieux que moi : il est compliqué de faire changer l’avis d’un demi dieu. »

Têtu. Buté. Adolescents pour certains. L’affrontement était une façon de se démarquer.

« Vous avez été mêlé à une guerre entre les dieux car beaucoup d’entre vous ont besoin de voir les choses changer ou d’être remarqué … La seule chose que je peux faire, c’est tenter de veiller sur vous tous. Et espérer que parler, rassurer et apaiser les esprits éloigneront les élans guerriers de certains encore un peu. Les Phosaeon aussi m’inquiètent tout particulièrement pour être honnête. Un clan autour de Zeus et d’Athéna … »

Cela ne pouvait annoncer rien de bon, finit elle mentalement.

« Déjà, quand j’étais campeuse, les tensions étaient là … Certains se méfiaient même d’Asclépios. »

@Otello Di Costanzo

( Pando )

Otello était humble et réfléchi. Pour être honnête, Zelda le considérait comme une bénédiction pour le camp : il était toujours agréable d’avoir quelqu’un qui avait la possibilité de jouer les médiateurs. Et Otello en avait la carrure … Il devait juste comprendre son immense potentiel. Il avait raison, bien entendu : ce qui était mis en place pour protéger le camp d’une potentielle guerre civile était insuffisant. C’était presque douloureux comme constat, de voir que l’on échouait petit à petit. Zelda avait longuement réfléchie à des solutions, avant même qu’elle ne devienne la sous directrice de ce camp. Et même si une petite voix lui soufflait que mettre le clan Phosaeon hors d’état de nuire était la solution …

Non. Zelda rejetait cette idée en bloc. C’était des vies innocentes manipulées par l’ego monstrueux de Dieux qui n’avaient que faire de leurs descendants. Otello, lui, semblait déterminé .. Alors peut-être qu’il existait une solution. Peut-être qu’il y avait la possibilité de faire plus.

« Infiltre toi chez les Héraclès. » fit elle en fronçant légèrement les sourcils, une détermination naissante dans sa poitrine. « Rejoins les Héraclès, devient leur homme à tout faire, deviens indispensable. Rapproche-toi des têtes pensantes, découvre leurs plans, leurs ambitions, leurs volontés. Rapproche-toi de Celyan. »

Et peut-être … juste peut-être, ils auraient un coup d’avance, une possibilité de jouer selon leurs règles, une possibilité de freiner l’inévitable voire de l’éviter. Zelda baissa la tête, désolée.

« Je sais que c’est beaucoup demander. Mais si on arrive à agir de l’intérieur, à prévoir, on pourra peut-être éviter l’inévitable. Ou du moins le retarder jusqu’à ce que l’on trouve un meilleur plan … Voire protéger un maximum de demi-dieux. »

Et peut-être même en faire changer certains de camps … Cela jouerait énormément dans la balance.

« Otello, tu es l’un des éléments les plus prometteurs de ce camp … et je sais que ce serait énormément de mensonges et de manipulation pour un résultat que l’on ignore … Mais si tu es d’accord, nous demanderons l’aval d’Asclépios et nous te donnerons les moyens de réussir. »


@Otello Di Costanzo

( Pando )

Zelda relâcha un soupir. Bien sûr qu’elle en demandait trop, c’était évident. Et elle aurait dû noter des points importants : Otello était connue pour sa fidélité envers Hadès. La métisse se passa une main dans les cheveux ; le garçon n’était pas à même de réaliser cette tâche. Et quand bien même, elle était prête à tout pour la sécurité du plan, manipuler ainsi un de ces campeurs lui donnait légèrement le tournis. Elle était presque reconnaissante envers Otello de repousser son offre ; mais elle le savait, elle savait qu’un jour elle allait devoir trouver cette personne qui jouerait ce rôle de double agent à la perfection. Mentir n’était pas quelque chose que l’on pouvait faire sur demande, il fallait un certain talent … elle retint un rire sans joie : devait-elle demander à la petite troupe de théâtre de servir ses desseins ? Au diable ces questions pour l’heure. Elle aurait besoin de l’aval d’Asclépios pour ce projet de toutes les manières, elle ne pouvait se permettre d’agir sans en informer le directeur même.

« Tu as raison. Je m’en excuse » fit-elle d’un sourire qui se voulait rassurer. Il n’y avait aucun problème ici. « Ton code de conduite ne doit pas se tordre pour ce genre de projet. Nous trouverons un autre moyen, alors si je pouvais compter sur ta discrétion … »

Le temps que le plan se peaufine, se prépare, soit près à être mis en action sans risquer la moindre chute. Devrait-elle envisager une infiltration chez les Argus ? Pour l’instant, ce n’était en rien la faction qui l’inquiétait le plus mais les Lékaménos pourraient devenir une menace … Zelda but une gorgée de son café un instant, restructurant sa pensée par la même occasion.

« Si tu connais un demi-dieu efficace et fiable, s’il te plait, n’hésite pas à nous communiquer son nom. Nous verrons ensuite comment cela se déroulera, si cela se déroule. » avait-elle rajouter en levant l’index. « Je refuse de mettre en place quelque chose qui n’aurait pas l’aval d’Asclépios. Il est un dieu lui-même, il serait certainement d’excellent conseil et je ne peux risquer une annulation totale de l’opération s’il l’apprend après la mise en marche. »

Une farce se préparait avec minutie. Un coup d’Etat se préparait avec toutes les possibilités envisagées et avec plusieurs plans de secours.

« Quant à Celyan … qu’est-ce que tu entends par là ? »

@Otello Di Costanzo

( Pando )

Zelda n’aurait pas voulu entendre la suite. Pourtant, c’était une réalité qu’elle se devait de prendre en considération … Passant une main dans ses cheveux, Zelda écouta cette déclaration. Otello était prêt à affronter Celyan. Et un affrontement était là tout ce dont Zelda avait peur. Oh, elle ne doutait absolument pas de la force du fils d’Hadès. C’était peut-être bien là le problème … La sous-directrice ne pouvait pas retirer de l’équation la puissance des enfants des Trois Grands. Mais pire que tout, c’était la simple idée de voir des êtres qu’elle avait connu quand ils étaient enfants se battre qui l’effrayait. Mais la colère était visible. La colère était palpable … Zelda agita la main mollement devant elle.

« Je comprends. Otello je comprends ce que tu veux faire … Mais tu dois comprendre quelque chose d’essentiel … Je tiens à vous tous, comme à la prunelle de mes yeux. Voir des campeurs se battre entre eux me briserait le cœur. »

Peut-être même au sens littéral. S’inclinant dans son fauteuil, Zelda s’autorisa à fermer les yeux un instant.

« Je ne doute pas que tu puisses tenir tête, voire battre Celyan … Mais je veux tout essayer avant d’en venir à penser à cette possibilité. Crois-moi, tu n’as pas envie d’avoir le sang d’un de tes frères d’armes sur tes mains, qu’importe les émotions qui t’animent à cet instant. Celyan est le produit de Zeus, d’une éducation, d’une doctrine … Je sais qu’il doit être surveillé. Mais nous pouvons essayer aussi de voir si nous pouvons le sauver avant d’en venir à ce genre de pratique. »

Zelda se revoyait déjà botter le derrière de ces enfants dans l’arène pour leur apprendre l’humilité – comme elle aimait le dire. C’était des jours plus paisibles … Bien plus paisible, et qui s’apprêtaient, elle savait, à disparaitre. Poussant un soupir à s’en fendre l’âme, elle continua.

« Je te tiendrais au courant de l’avancer … Et si malheureusement nous devons en venir à ces extrémités … » il faudra prendre en compte que le camp perdra certainement la bénédiction de Zeus et qu’une véritable guerre éclaterait « Nous le ferons uniquement si cela devient notre unique solution. Je tiens à te préserver aussi Otello. Nous savons tous les deux que Celyan ne sera pas raisonné par les mots … plus maintenant en tout cas. Il faudrait trouver un moyen de détruire la faction, de la démanteler .. Et peut-être que là, tes mots auraient un impact. En touchant le cœur des suiveurs, tu affaiblirais le meneur. »


@Otello Di Costanzo

( Pando )