Tu déportes ton regard sur le soleil, claquant contre la vitre, inondant ta chambre de particules de poussière, flottant calmement. Se déposant sur ton corps prostré sur la chaise guère confortable qui te sert de fauteuil, les ressorts te meurtrissant le bas de ton pauvre dos. Tu fermes le livre épais, parsemé de mots d'une langue oubliée depuis belle lurette, passant une main lasse dans ta chevelure de feu, un craquement de cou se faisant entendre dans ce silence pesant. Le début d'après-midi avait déjà commencé et tu entendais le bruit du camp se répandre jusqu'à ton antre, pesant le pour et le contre, ne sachant point si tu voulais continuer à subir le mal ou à devoir en subir un autre.

Autant choisir le plus 'profitable' si cela existe encore en ce lieu, tordant tes jambes pour que la plante de tes pieds se pose à même le sol froid et disgracieux de bois. Etirant tes bras aussi loin que tu puisses, un bref soupir de douleur et de plaisir combinés sortant de tes lèvres gercées de n'avoir guère eu le loisir d'être mouillé. Te dirigeant mollement vers ton armoire pour te vêtir d'un voile que tu attachas avec un bijou frontal, doré, des taches rouges (pierres) donnant un peu de couleur. Toujours vêtue d'une simple toge blanche, les bords du voile venant chatouiller tes genoux, tu ne pris pas la peine de te chausser, préférant sentir la terre, préférant être ancrée à celle-ci.

Le Soleil si éclatant, caresse de ton mari, tu ne pus que fermer rapidement les pupilles, papillonnant de celle-ci pour t'acclimater à cette luminosité bienveillante et débordante. Tes pas te menant rapidement vers le champ servant aux Chasseuses d'Artémis, quelques-unes maniant déjà l'arc, concentrée sur leurs tâches. Peut-être est-ce parce que tu es Pythie, peut-être est-ce parce que comme toi, elles ont juré, ou tout simplement par simple admiration en tant qu'Humaine mais leur dextérité à viser si loin et si juste était percutante.

Une fragrance particulière ( les noms t'échappant par fumée tandis que subsistaient les odeurs ) vient chatouiller tes narines. Laissant échapper un soupir, croisant les bras pour bien signifier ton mécontentement et ton envie de ne point adresser la parole à ce demi-dieu, tu sus avec presque certitude qu'il n'allait pas te lâcher de sitôt.

(Nous savons,
Nous croyons comprendre,
Nous sentons quand notre mémoire déraille.)  

@Otello Di Costanzo En espérant que tu aimes !

Odeur de sucrerie chatouillant tes narines, prénom guère accessible pour ta cervelle, tu ne daignes te retourner pour lui adresser un regard, celui-ci étant rivé sur la cible des flèches.

_ Quelle chaleur, vous ne trouvez pas ? Je me présente : je suis Otello Di Costanzo, fils d’Hadès. Je vous servirai de garde du corps, en l’absence du titulaire à ce poste. Veuillez me faire savoir si vous avez besoin de quoi que ce soit ou si vous désirez vous déplacer.

Il se présente, tu hoches simplement la tête, lèvres serrées entre elles, envie de faire un caprice et de taper du pied. Il était de coutume de prime abord que ce soit ton Protecteur qui s'attèle à la tâche de te suivre et de te protéger comme si ta vie était en danger (par qui ?). Malheureusement, tu n'étais pas nécessairement une priorité et c'était fort compréhensible puisque des enfants vivaient la terreur pure de pouvoir rencontrer des montres à l'extérieur à cause de leur ascendance divine. A la place, on t'assignait quelqu'un d'autre. Un fils d'Hadès. Tu oublieras sans nul doute son prénom d'ici quelques heures, souvenir qui s'enfuira.

_ Loin de moi l’idée de vous soustraire à ce spectacle visiblement passionnant mais serait-il possible de faire cela à l’ombre ? Tout ceci m’épuise.

Tu lèves un sourcil, septique, ayant presque décelé un poil de sarcasme dans son début de plainte. (Nous n'aimons guère les plaintes) Te retournant pour fixer l'individu, le détaillant des pieds à la tête, un frêle sourire illuminant ton visage. En costume cravate, le pauvre bougre ne devait guère aimer ce Soleil, devant sans nul doute suer de tout son corps, presque plaisant. Depuis le temps que ton mari se prélassait sur ta peau, tu ne ressentais presque plus la chaleur, même si ton frêle corps humain laissait une bonne partie de ton eau s'évader de tes pores.

Un petit mouvement de la main pour lui dire de te suivre tandis que tu t'approches d'un pin, laissant l'ombre rafraîchir ta peau, ton regard se délaissant de ta nounou provisoire pour scruter l'activité plus loin.

Il n'était pas moche, il n'avait pas l'air méchant loin de là, mais tu ne voulais pas user de ta salive pour lui parler, sachant pertinemment que tu ne sauras le nommer, que tu sauras que son temps est compté (Nous savons que tu trépasseras, mort lente ou rapide ? Nous ne savons point tout, nous ne voulons point tout savoir). Tu préférais laisser la fraicheur de l'écorce de ce joli pin calmer ton dos endolori. Il fallait que tu trouves un moyen de pouvoir soulager ce mal guère plaisant.

Il fallait que tu te replonges dans les prédictions pour comprendre les signes.
Il fallait que tu te trouves le temps de pouvoir te protéger par toi-même.

(Nous ne savons pas qui sont nos ennemis,
Demi-Dieux, Dieux ou monstre ?)

Il fallait que tu trouves le temps.

Laissant ton regard dériver sur ce drôle d'individu qui ne portait point de bermuda malgré la chaleur de l'astre Solaire.
 

@Otello Di Costanzo En espérant que tu aimes !

Un mouvement de doigt que tes pupilles suivent avec attention tandis qu'émerge une chaise osseuse du tréfonds de la terre meuble qui compose votre planète. Il était bel et bien fils d'Hadès. Des os d'animaux ou d'humains ? Sombre pensée qui t'effleure avant que tu ne déportes ton regard ailleurs pour échapper à cette vision glaciale.  

Il prend la parole et tu te perds dans le passé de tes compères, quand défilent des visages flous d'enfants du dieu des Enfers, quand défilent les souvenirs d'un temps qui n'est guère le tien. Ses paroles, son timbre de voix qui te ramène à cette (douloureuse) réalité (Nous aurions presque pitié de cet enfant).

«  Toutefois, je suis sûr qu’il n’en est rien. Alors je me présente à nouveau : Otello Di Costanzo. Je vous servirai de garde du corps, en l’absence du titulaire à ce poste. »

_ Vous parlez beaucoup (trop). Vous me demandez un nom, mais vous attendez-vous à ceux dont j'ai revêtu à travers les âges ou à celle qui vous fait réellement face en ce jour ?

Attends-tu des réponses que je ne pourrais te faire parvenir ?
Attends-tu des réponses à tes questionnements ?
Ne t'attends à rien.

_ Mörwen Gabriella Nilsdotter. Cassandra Valentine Perrot. Violette Lyssandra Perez.

Un sourire sur ton visage.

_ D'après vous, était-ce les noms dont j'ai pu être vêtu avec l'âge ou bien ce ne sont que de futiles termes pour me désigner autrement que comme la Pythie ?

Attends-tu à ce que je te révèle tout ?
Attends-tu à ce que ces désignations soient véridiques ?
Ils ne sont pas. Sortant simplement de ta mémoire défaillante.

Mais si cela l'attirait, si cela faisait rougeoyer la flamme de sa curiosité, alors soit. Tu croises les bras devant toi, ne perdant pas ton sourire, ne le regardant toujours pas, sachant, qu'il finirait par en poser d'autres. Encore et encore.

Questionnement sur ton (vôtre) rôle.
Questionnement sur ton (vôtre) humanité.
Questionnement sur ton (vôtre) nom.
Questionnement.

Encore et encore.

(Nous ne dirons rien de plus,
Nous ne pourrions dire quelque chose de plus.)


(Questionne nous, fils de celui qu'on ne voit guère.)

@Otello Di Costanzo En espérant que tu aimes !