J’attire les problèmes comme ma malédiction attire le malheur. En temps normal, j’aurai esquissé un sourire, riant de cet ironique destin. Comme si les dieux pouvaient réparer leurs erreurs par de simples coup-bas. Mais je n’étais pas friand de bêtes anthropomorphes. Je n’ai jamais compris cette fascination pour les animaux dans la famille. Que ce soit la métamorphose ou le désir sexuel. Non vraiment je passe.

Alors forcément, quand je voyais cet amas de muscle sans cervelle me foncer dessus, je n’étais pas enthousiaste à l’idée qu’on me force la main. Maudit le jour où je me suis décidé de participer à ces futiles épreuves. Dire que je ne pouvais m’empêcher de mettre des bâtons dans les roues de Celyan. La prochaine fois je me contenterai des railleries dans les gradins. En cas d’apparition de ce genre, ce ne sera pas mon problème.

Je lance un coup d’œil sur le côté. Il semblerait que le bâtard sans cervelle enfanté par Hestia soit rancunier. Je ne peux que hausser les épaules face à cette réaction puérile. Plus il essayait de cacher ses émotions plus ça me confortait dans l’idée de le tourmenter davantage. Néanmoins, je pourrais m’occuper de lui une fois l’équidé hors course.

Les cadavres ambulants de Mana se rendaient utiles. A défaut de l’avoir été dans leur vie précédente, ils parvenaient à troubler les mouvements de la bête. Pas grand-chose au final, je ne m’attendais pas à plus venant de rebus. Un déchet reste un déchet même après la mort après tout. C’était déjà bien qu’ils se soient enfin rendus utile. Mieux vaut tard que jamais.

Adoptant une pause dramatique, manquant de tomber à la renverse, laissant à nouveau échapper tout mon charme. Qui est mine de rien mon arme la plus mortelle, et ma seule arme accessoirement. Sortant ma meilleure représentation pour ce moment, bien que le public laisse à désirer :

Please Daddy, be gentle.

Résumé:

Je regardais d’un air dépité la scène se déroulant sous mes yeux. Il n’y avait rien. Pas un seul point positif à en tirer. Rien qu’un funeste destin. Pour nous tous. A moins d’une apparition inopinée de ce bon vieillard en personne. La situation semblait pour le moins compromise. Pourtant, la seule expression qui habitation mon visage à cet instant, était un sentiment d’ennui profond. Retenant presque un bâillement. Je laissais le plaisir des champs de batailles à la chair à canon. Préférant largement les intrigues de l’Olympe et du camp. Je brillais davantage par ma langue, dans toutes les utilisations possibles d’ailleurs. Aussi bien au sens propre qu’au sens figuré. Qu’avec une arme dans la main.

Alors bon, autant faire ce que je sais faire de mieux. Utiliser les autres à mon avantage. Qu’ils soient d’horribles créatures ou des hommes idiots, la nuance était subtile. S’élançant vers le centaure blessé, un dénommé Baptise. Nom que j’aurai pu retenir si j’en avais la moindre chose à faire.

Au secours mon bel étalon, on m’assassine. Mimant l’effroi et la terreur. Pas mon visage !

J’arrive à me recroqueviller derrière l’imposante carrure de la bête. Avec un peu de chance, il prendrait la pluie de projectiles à ma place. Et si la situation venait à dégénérer encore plus, j’improviserai, comme depuis le début de ces jeux. Comme depuis le début de ma vie à vrai dire.

J’aurai bien voulu me soucier du sort des autres clampins, mais j’avais fort à faire en ce moment. D’autant plus que le stupide fils d’Hestia avait attisé ma colère. Si au moins il était beau. Vraiment certains ne sont pas gâtés à la naissance. Il n’a de divin que sa bêtise. Pour ce qui est de mon pauvre allié de fortune. Manatruc. J’avais mieux à faire en ce moment. S’il survivait à tout ça tant mieux. Sinon tant pis. Je n’irai pas verser une larme pour lui, même si je regrette ne pas avoir pu jouer au moins un peu.

Je me demande comment s’en sortent les autres groupes cela-dit. Je doute que cette attaque soit isolée. Dans le cas contraire un tas de demi-dieux plus féroces les uns que les autres auraient déjà débarqué en quête d’action. Si la situation était aussi compromise pour les autres il n’y aurait pas grand monde pour soulever la coupe à la fin.

Je me suis permis d’imaginer un instant Celyan se faisant chahuter par une armée de monstres. Chose qui, je dois bien l’avouer, m’arracha un léger sourire. Voir son égo se faire piétiner aurait été un drôle de spectacle, que je n’aurai voulu rater pour rien au monde. J’espère qu’ils ont filmé le tout.

Résumé: