Une goutte; deux gouttes L’eau tombait. Un bruit régulier, presque apaisant, qui ne dérangeait aucunement le satyre qui venait de se réveiller. Aujourd’hui, il faisait gris. Aujourd’hui, il faisait nuageux – c’était une journée sous l’augure d’une météo capricieuse et pourtant, apaisante. Les longues balades sous la pluie étaient les plus agréables. Laisser de côté cet appareil relié au réseau qu’ont construit les satyres pour leur permettre de jouir des privilèges de l’internet pour se reconnecter avec la nature. Lysias était un satyre; ça semblait logique que la nature soit ce qu’il recherchait, au final.
Il était de sorti. Ce n’était pas surprenant. Pas surprenant de s’imaginer que Lysias se promène un jour de pluie. Il avait bien conscience que certains n’aimaient pas l’humidité des gouttelettes qui venaient s’écraser sur son visage et humidifier ses vêtements (il faudrait qu’il pense à se changer en revenant); mais lui, lui il aimait. Tout comme la nuit, il se sentait libre lorsque la température se montrait grisonnante.
Un pas après l’autre et le sourire flottant sur un visage apaisé, apaisant peut-être parfois même. Lysias n’était pas celui qui pouvait apaiser les maux d’autrui, mais il pouvait les divertir – dans sa capacité à ressentir les émotions comme siennes, il ne savait pour autant pas les appréhender et les apaiser. La détresse, il n’avait jamais su la gérer. (Ni le silence) – se réfugier dans le sourire et les rires, dans une maladresse qui désespère, qui porte à avoir honte de l’avoir dans son entourage et pourtant, qui fait rire par moments. Mana, il se moquait gentiment de cette maladresse qui résonnait telle une malédiction.
Son regard se posa alors sur une autre personne qui était visiblement de sortie et il la salua d’un geste de la main – se demandant s’il l’avait déjà croisé. Bonjour ! Toujours énergique, Lysias. Toujours le premier à aller vers les autres. Moi c’est Lysias.
Sujet: Re: in the rain - athanasia Lun 7 Juin - 5:53
in the rain
« Bon sang… encore une journée où il pleut des cordes. Les mortelles doivent vraiment lui en faire voir plein les couleurs à Zeus pour qu'il se venge de la sorte. »
Tu n'es pas celle qui est amoureuse de la pluie, ni de toute sorte de climat qui n'est pas ensoleillé. La vie aux Enfers se fait sans météo, peu surprenant te dira-t-on, mais certains semblent l'oublier. Après ce centenaire passé avec les demi-dieux au camp, tu ne sembles toujours pas habituée à ce genre de déversement de la nature. Ça te rend toujours un peu grognonne, surtout parce qu'avec tout le temps que tu prends pour peigner et mettre en place ta chevelure sous cette couronne de sureau qui ne te quitte jamais. Bref, tu quittes les caves des Lampas avec un soupir, tentant tant bien que de mal de couvrir tes cheveux avec la capuche de ta cape de rituel. Car oui, bien que la température ne soit pas adéquate, il reste que tu n'as pas l'intention de décevoir Hécate en annulant le rituel prévu un peu plus tard, lorsque la pleine lune apparaîtra fièrement dans le ciel. Enfin, annuler… c'est un bien grand mot, tu n'as pas le pouvoir de faire ça.
À cette heure-là, le camp est encore calme. Peu de demi-dieux sont matinaux, et la majorité préfère se laisser aller dans les bras de morphée jusqu'à ce qu'on les ramène de force à la réalité, chose qui te plaisait très souvent de faire. À l'aide d'un peu de tes pouvoirs, ça saurait rendre ta journée bien plus rigolote, et qui sait, peut-être te faire retrouver ta bonne humeur ! Bref, tu commences à traverser le camp ouest pour essayer de rejoindre la zone résidentielle du camp, mais c'est dès lors que tu es interrompue dans ta lancée par un jeune satyre qui s'approche de toi pour te saluer, et se présenter. Surprise tu t'arrêtes et tu le regardes de haut en bas, à la recherche de signe de danger (par réflexe plus que par peur) avant de laisser les traits de ton doux visage intemporel s'adoucir. Probablement qu'il est juste là pour discuter, après tout, les satyres et les nymphes s'entendent généralement bien.
« Bon matin, jeune satyre. Je suis Athanasia, fière servante d'Hadès et d'Hécate. Qu'est-ce qui t'emmène par ce temps pluvieux ? »
C'est une question légitime, quoiqu'un peu ridicule quand on pense que les satyres sont des adorateurs de la nature. Secouant l'eau qui semblait s'accumuler sur ton capuchon, tu te places sous un arbre, réduisant de peu le nombre de gouttelettes t'atteignant alors que tu laisses t'échapper un grognement.
« Je n'aime tellement pas cette température. Il fait froid, et cette pluie annonce un rituel plus ardu que prévu… moi qui pensait pouvoir l'avoir facile avec les jeunes aujourd'hui… »
Encore et toujours grognonne, il faut croire, mais visiblement, ça n'a pas l'air d'Affecter la bonne humeur du pauvre satyre qui doit t'entendre te plaindre sans bonnes raisons apparentes. Replaçant tes longs cheveux blancs, presque nacrés, tu relèves les yeux vers l'autre une nouvelle fois, en attente d'une réponse, quelle qu'elle soit.
Il essayait de se souvenir. Il essayait de se souvenir s’il l’avait déjà vu, s’il la connaissait, s’il lui avait déjà parlé. Mais Lysias passait beaucoup trop de temps avec Mana pour vraiment côtoyer les Satyres et les Nymphes. Il avait croisé Euphy et maintenant, il savait qu’il ne pouvait pas l’oublier. Parce qu’elle déplaçait quand même beaucoup d’air et puis, il lui avait acheté une lanterne donc. Il ne pouvait pas trop l’effacer de son esprit. Mais les autres, c’était assez vague. Mana était plus important. Mana était son meilleur ami avec lequel il était toujours, et souvent, Lysias demeurait dans son ombre parce que clairement, Mana était plus solaire, plus doué, plus beau aussi. Alors que lui, il était beaucoup plus délicat et généralement connu uniquement pour sa maladresse – mais ça n’avait jamais profondément dérangé le satyre.
Pendant quelques secondes, il resta confus par la question de la nymphe qui s’était présentée, parce qu’il ne voyait pas pourquoi il ne serait pas sorti. C’était beau, la pluie et il appréciait toujours être dehors dans des temps pareils. Parfois, il rencontrait des amphibiens et il partageait leur joie d’un temps aussi grisâtre et à d’autres moments, c’était l’irritation des écureuils qu’il se trouvait à écouter parce que ceux-ci n’appréciaient pas trop la pluie. Mais pour lui, c’était une belle journée quand il pleuvait. Il lui semblait, en fait, presque impensable qu’on ne puisse pas aimer la pluie et pourtant, la belle devant lui ne semblait pas trop l’apprécier alors qu’elle se plaignait que ça allait rendre son rituel plus compliqué que prévu. Ooh, un rituel ! Il s’était toujours demandé à quoi ça ressemblait, lui qui était plutôt à la recherche des demi-dieux parce qu’il pouvait les sentir, tout comme il pouvait sentir les monstres. Bon, il n’était pas très doué, mais au moins, son odorat fonctionnait correctement !
Je voulais juste me promener sous la pluie. Il souriait toujours, Lysias. C’était très rare qu’on ne le voyait pas sourire – et ce n’était pas aujourd’hui que ça allait arriver. Alors il lui souriait, bien content qu’elle ait accepté de lui parler, de se présenter, de s’intéresser même à la raison pour laquelle il se retrouvait dehors. Oh, c’était possible qu’elle ne s’y intéressait pas vraiment, mais Lysias préférait se dire que ce n’était pas le cas. Je peux t’aider pour ton rituel ? Ce sera peut-être plus simple avec de l’aide ! … Ou pas. Vu de qui l’aide venait. Mais Lysias se jurait de faire de son mieux pour ne rien casser, pour conjurer le sort de maladresse qu’on lui avait lancé dès la naissance. Il voulait sincèrement rendre plus agréable la journée de la nymphe.
