Prunelles ouvertes sur un plafond obscur et trouble ; mon souffle est court, ma gorge me brûle et c'est comme au sortir d'une course sans fin, le cœur bat, les mains tremblent et les idées s'emmêlent. Souvenirs chavirés ; des songes à la nuit doucement la réalité reconquiert son territoire que les obscurités lui ont volé. Mes inspirations sont fébriles, cherchent à s'apaiser mais comme la terreur, elle, ne se dissout pas, je n'ai qu'à clore les yeux dans l'espoir d'en chasser les larmes honteuses et corrosives que j'enfouis dans le creux de mon coude.

Pas de sanglots – que des pleurs silencieux ; complaintes muettes des nuits qui se répètent inlassablement.
Paupière entrouverte, pas le moindre rayon de jour pour trahir une aube naissante. Il fait nuit noire, et je sais d'avance que le sommeil ne reviendra plus. C'est toujours la même histoire – j'irai déambuler, pantin sans âme, dans les bois envahis par les brouillards d'une aurore lointaine.

Un soupir tremblant au bord des lèvres, je me redresse – inconfort désagréable qui ne me quitte pas de me sentir comme observé, mais c'est la peur de ces cauchemars si tangibles qui ne me quitte pas.
Je glisse une main sur mon front, dans mes cheveux et jusque sur ma nuque, et je relève la tête.

Je crois que…
Je crois que je ne comprends pas tout de suite.
Silhouette au bord de mon lit, regards croisés.
Les sourcils froncés, j'attends que l'hallucination se dissolve en même temps que les derniers résidus de mon sommeil gâché. Mais rien ne vient – et, doucement, tandis que je parviens à poser un semblant d'identité sur les traits qui me dévisagent, je comprends.
Malheureusement.

« … Que– Oh, putain– »

Colère brusque, l'élan soudain ; je repousse si brusquement mes couvertures qu'elles s'échouent sur le sol, et c'est sans même enfiler mes chaussures, simplement fringué d'un haut trop large et d'un jogging clair sans prétention, les pieds nus et le t-shirt encore humide de transpiration, que je sors arpenter les allées qui séparent mon pavillon de celui – présumé – de la putain de stalkeuse.

J'entre sans m'annoncer – et sans rien savoir de l'heure qu'il est – dans un pavillon ensommeillé. « ELLE EST OÙ L'AUTRE LÀ ?! » Pas de réponse – ne me parviennent que des marmonnements mal réveillés, des shhhhhht... et des la ferme bâillés.
Les dents serrés, je me maudis d'avoir oublié mon téléphone sur ma table de nuit – j'aurais éclairé leurs visages un à un pour retrouver celui de…

« TOI ! »

Cible repérée.
Nouveau concert de grognements qui m'intiment au silence.

Couverture arrachée dans trois…
deux…
un…