l'amer de sa voix

10/03/2021

l'amer de sa voixJan & Ludmila

Ses doigts contre le bois s'agitaient frénétiquement, habités de tout son agacement qui transpirait par les seuls membres dont elle ne contrôlait pas le mouvement. Assise sur une chaise et les bras sur la table devant elle, le dos rigide à s'en faire grincer les cervicales, les lèvres mordues et portant encore les blessures des nervosités d'hier, elle avait compté dix-sept secondes de moyenne entre chaque éternuement du fils de Hermès assis à trois chaises sur sa droite, et toutes les dix-sept secondes son impatience grimpait.

Il éternua quarante-et-une fois avant que les jambes de Ludmila ne la propulsent loin de sa chaise et que son pas claque rapidement contre le sol marbré des couloirs, aussi loin que possible de la bibliothèque qui avait réussi à la rendre folle.

Elle avait traversé le camp à une vitesse impressionnante et bientôt elle s'engouffrait dans l'armurerie, un regard adressé aux quelques uns de ses pairs qui se trouvaient déjà dans l'arène de combat. Songeant qu'elle n'éprouverait que peu de difficulté à trouver un adversaire qui accepte qu'elle y passe ses nerfs, elle s'était dépêchée d'enfiler les premiers attirails de son armure, mais la présence d'un des fils de Dionysos la fit grincer des dents davantage.

« Jan. »

Sa voix n'était emprunte d'aucune tendresse et elle avait oublié la politesse.

« Le combat n'a de valeur que pour ceux qui ont des raisons de se battre. Donc pas la peine d'enfiler ton armure, tu ne penses pas ? »

20/04/2021

l'amer de sa voix

Jan avait pour habitude de s'entraîner ne serait-ce qu'une heure par jour, même s'il n'en avait pas envie. Non seulement servait-il parfois de coach particulier à certains de ses demi-frères (ou sœurs) mais il ne supportait pas non plus l'idée de rester inactif. Il devait s'occuper l'esprit et l'entraînement aliait l'utile à cette évasion.
En faisant de grands pas, il avait pris le chemin de son pavillon jusqu'au terrain, qu'il traversa sans trop faire attention à ce qu'il se passait en son sein. Il n'entendait presque plus les clings et autres sons que faisaient les armes en se cognant, n'ayant que trop l'habitude qu'ils frôlent ses tympans.

Lorsqu'il entra dans l'armurerie, il n'y avait presque personne. Un petit groupe s'était agglutiné dans un coin, il les avait salués et s'était dirigé vers l'autre coin, prenant soin de ne pas croiser leur regard une seconde fois. Il tendit la main pour décrocher l'un des plastrons qu'il revêtirait pour combattre mais fut interrompu par une voix qui ne lui provoqua qu'un lourd roulement d'yeux. Il pivota vers l'intéressée.

« — Bonjour à toi aussi, Ludmila. Je vois que tu t'es pârée de ton plus charmant sarcasme, aujourd'hui. Ca te va à ravir. »

Il avait dit le tout en un sourire, qui se voulait évidemment faussement chaleureux.

« — Je sais que tu tiens terriblement à te battre pour ton idéal mais, tu sais - et ça va te paraître incroyable ! - certains se battent pour des raisons normales, comme, je sais pas, sa survie, par exemple. »

Il haussa les épaules. Il n'avait pas particulièrement les nerfs de la répartie et des piques ; en réalité, il avait toujours l'impression d'avoir l'air idiot lorsque son ton était plus pointu.

« — Si je pouvais te donner un conseil, en réalité, je ne pense pas vraiment que ce soit comme ça que tu convainques qui ce soit de vous rejoindre. Ta mauvaise humeur fait fuir les foules. »

Il enfila son plastron rapidement, l'ajustant pour qu'il tienne adéquatement. Il s'appuya contre le mur.

« — Tu voulais me dire quelque chose d'intéressant, sinon, ou tu es juste énervée et tu t'es dis que mon joli minois ferait l'affaire ? Pas besoin de répondre, je sais que je t'obsède. Ca doit être mon nouveau parfum. »

ft. jan & ludmila

10/03/2021

l'amer de sa voixJan & Ludmila

Il n'y avait jamais eu de place pour aucune autre conviction que celles qu'on lui avait imposées, et pourtant le doute n'avait cessé de la hanter. C'étaient des années entières passées à se justifier à l'intérieur de soi qui avaient rendu Ludmila si inatteignable dans une idéologie qui avait fini par lui appartenir, quand bien-même elle n'était pas vraiment à elle. Elle avait un bagage incontestable de raisons et d'arguments, matraqués dans son crâne comme absolus.

Il n'y avait jamais eu de place pour sa vérité à elle.
Et elle crachait celle de son père comme si elle se fondait à lui.

« Allons bon. Ta survie, Jan ? »

Elle termina d'enfiler son armure et redressa son dos dans sa courbure habituelle : haute et rigide, d'une droiture impeccable.

« On n'apprend pas à nager en gardant désespérément la tête hors de l'eau. »

Elle se dirigea vers les armes au mur et se planta devant, réfléchissant à celle qu'elle brandirait aujourd'hui.

« Mais tu as raison. »

Lorsqu'il s'agissait de convaincre la foule, Ludmila avait moins de charisme que son frère. Ou tout simplement plus de colère. Elle se battait plus qu'elle ne séduisait. Elle pouvait au moins lui accorder qu'il marquait un point, mais il était hors de question de lui accorder tout à fait.

« Tu choisis plutôt bien ton parfum. »

Elle tourna la tête vers lui, le visage vaguement moins sévère. Elle n'en était pas moins pincée pour autant.

« Bats-toi contre moi. »

Lorsqu'il s'agissait des factions adverses, rares étaient les demi-dieux qui acceptaient de se battre contre elle. Tout simplement parce qu'elle n'était pas du genre à perdre. L'héritage de son père avait au moins ça pour lui qu'il la rendait écrasante. Il n'y avait que Dorothy pour ne pas s'en soucier (sa puissance était effrayante et rien ne l'aurait fait sourciller), et son frère pour se croire supérieur (rien n'indiquait qu'il avait tords, d'ailleurs).

« Et si je gagne, je gagne l'occasion de te faire changer d'avis sur moi. Autour d'un verre, si ça t'amuse. Sans tes à priori sur mon nom ou mes convictions. »

20/04/2021

l'amer de sa voix

Il la suivit du côté des armes où il s'équipa également. Il n'avait pas toujours été très bon en combat - les enfants de Dionysos n'étaient pas les plus connus pour leurs talents aux armes - mais après quelques années d'entraînement à la colonie, il se défendait bien assez correctement. Il sourit au compliment, sourire qui disparut immédiatement à la proposition qui suivit.

« — Tu sais, je ne suis pas le mieux placé pour avoir des à prioris. »

Les rumeurs n'étaient pas quelque chose d'inconnu pour Jan qui avait pu en entendre des belles à son sujet. C'était le désavantage de ses responsabilités qui lui octroyaient une petite popularité. Il haussa les épaules, un tic plus qu'un réel désintérêt pour la situation.

« — J'accepte. Te réjouis pas trop à l'avance pour le verre, je ne pense pas qu'on en arrivera là. »

En réalité, il n'avait pas de grands espoirs de gagner. Ludmila n'était pas une adversaire à prendre à la légère, plutôt l'inverse, puisque ses talents n'étaient plus à prouver. Il sautilla d'un pied à l'autre, faisant voler ses mains du même coup comme pour en retirer les fourmis qu'il n'avait pas. Une grande inspiration et il commença à prendre la direction du terrain.

Avec sa main libre, il para le soleil en foulant l'arène, vérifia qu'il était bien suivi et demanda à quelques enfants de libérer le terrain qu'ils occupaient, ce qu'ils firent. Se plaçant d'un côté, il attendit que sa partenaire fasse de même.

« — Le premier qui tombe, pas de pouvoirs. Ca te va ? »

Ca lui semblait le minimum pour qu'il puisse un minimum rivaliser - sa panoplie d'enfant de Dionysos ne rivalisait sûrement pas avec celle offerte aux enfants des trois grands.

ft. jan & ludmila

10/03/2021

l'amer de sa voixJan & Ludmila

Un ricanement siffla entre ses lèvres où grimpait la moitié d'un rictus à peine assumé. Ludmila éprouvait toujours une certaine excitation à l'idée de se battre, sans doute du fait de sa condition de demi-déesse ou du caractère particulièrement rigide dont elle se paraît habituellement ; ces moments étaient, au-delà d'une occasion de prouver sa supériorité, surtout l'occasion de relâcher le poids du monde. Le pari entre Jan et elle n'était qu'un prétexte comme un autre pour y avoir accès.

Son bras s'arma d'un bouclier en bronze, rond et lourd, et elle ne s'encombra d'aucune autre arme pour leur duel. Son pas se dirigea fermement à la suite de Jan, sur le terrain, et elle n'accorda même pas un regard aux enfants qui avaient déguerpi à la demande du fils de Dionysos.

« Pas de pouvoirs... ? »

Elle pencha la tête sur le côté et dans ses yeux se dessinaient enfin les étincelles d'une Ludmila prête à combattre. Les rivalités et excitations qu'elle ne s'autorisait habituellement pas avaient quelque chose d'attendrissant qu'elles lui donnaient l'impression d'être, d'une certaine façon, épanouie.

« D'accord. »

Elle consentait sans mal qu'un éclair était plus difficile à parer qu'un bouclier, et prendrait, de ce fait, leur combat moins à la légère. Mais elle ne doutait pas de ses capacités à gagner malgré cette contrainte - ce n'était pas tant qu'elle doutait des capacités de Jan, mais plutôt qu'elle ne pouvait se permettre de perdre pour l'honneur de son Père.

Son regard était resté figé sur son adversaire, et lorsqu'elle considéra que le combat avait commencé, elle se rua immédiatement sur lui.

Ludmila était le genre à prendre les initiatives.
Leva son bouclier en le poussant dans sa direction pour le déstabiliser.
Grogna lorsque ça ne suffisait pas à lui ouvrir une fenêtre pour cogner.
Jan se défendait bien.
Elle recula d'un pas, une seconde à peine, et retourna à un assaut ;
Ludmila n'était pas du genre à laisser respirer son vis-à-vis lors d'une confrontation.

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